Faits saillants de l’Étude nationale sur les refuges 2005–2014

Introduction

L’Étude nationale sur les refuges 2005–2014 : Recours aux refuges d’urgence au Canada, qui sera publiée à l’automne 2016, est la deuxième analyse nationale fondée sur des données recueillies auprès de refuges d’urgence pendant une période prolongée et utilisées pour établir un dénombrement de base et une description des caractéristiques de la clientèle des refuges au Canada. La première étude nationale sur les refuges portait sur la période allant de 2005 à 2009. L’actuelle mise à jour de l’étude initiale prolonge cette période jusqu’à 2014. Depuis 2014, les statistiques sur l’identité autochtone, la citoyenneté et le service militaire de la clientèle des refuges sont également disponibles.

Ce document présente les faits saillants de l’étude actualisée. Il donne d’abord une vue d’ensemble des tendances du taux d’occupation moyen des refuges, du nombre de fois où les lits des refuges ont été utilisés, du nombre global de Canadiens ayant annuellement recours aux refuges et de la durée du séjour des clients qui ont recours au réseau de refuges d’urgence du Canada. Le document examine ensuite les caractéristiques démographiques de la clientèle des refuges et les changements observés chez cette dernière pendant la dernière décennie. L’étude se fonde sur des données recueillies par des refuges d’urgence à l’aide du Système d’information sur les personnes et les familles sans abri (SISA), par la ville de Toronto, par BC Housing et par la province de l’Alberta. Le recours aux refuges d’urgence est le meilleur indicateur dont nous disposons pour évaluer les grandes tendances relatives à l’itinérance, et les résultats de l’étude sont importants pour la compréhension de l’itinérance au Canada.

Méthodes

L’Étude nationale sur les refuges repose sur des renseignements anonymes associés à 1,9 million de séjours ayant eu lieu dans plus de 200 des 400 refuges d’urgence au Canada pendant une période de 10 ans.

Un échantillonnage par grappes stratifié de refuges d’urgence a été utilisé pour assurer l’exactitude des estimations du nombre et des caractéristiques des utilisateurs de refuges. En 2014, l’échantillonnage comprenait la plupart des plus grands refuges du Canada, ce qui représente 71,5 % du total des lits des refuges d’urgence du pays. L’échantillonnage est constitué de refuges d’urgence pour sans-abri et ne comprend pas les refuges pour femmes victimes de violence ni les maisons de transition. La méthodologie utilisée pour l’étude tient compte des personnes qui utilisent plus d’un refuge.

Principales conclusions

Le réseau de refuges d’urgence du Canada fonctionne à plus de 90 % de sa capacité

On trouve environ 15 000 lits dans les 400 refuges d’urgence du Canada. Le nombre de refuges et de lits n’a pas beaucoup changé entre 2005 et 2014, mais la demande de lits a augmenté. En 2014, chaque nuit, en moyenne 13 857 Canadiens ont dormi dans un refuge d’urgence, utilisant plus de 90 % des 15 000 lits des refuges d’urgence du Canada. Par comparaison, en 2005, l’utilisation moyenne des refuges pour la nuit atteignait à peine plus de 80 % de la capacité.

Figure 1 : Taux d’occupation national des refuges

Description de la figure 1 : Taux d’occupation national des refuges
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Taux d’occupation 82,7 % 82,0 % 79,1 % 85,5 % 94,6 % 83,2 % 86,3 % 91,6 % 91,2 % 92,4 %

Annuellement, plus de nuitées mais moins d’utilisateurs

Bien que le nombre annuel d’utilisateurs de refuges ait diminué, passant de 156 000 en 2005 à 136 000 en 2014, les refuges d’urgence ont accueilli, en moyenne, 800 personnes de plus par nuit en 2014, par rapport à 2005. Le nombre de nuitées correspond au nombre de fois qu’un lit d’un refuge donné est utilisé pendant une année. En 2014, plus de 5 millions de nuitées ont été enregistrées dans les refuges d’urgence au Canada, ce qui représente une augmentation de 300 000 depuis 2005. Ces données indiquent que bien que le nombre d’utilisateurs de refuges ait diminué, les utilisateurs ont davantage recours aux refuges.

Figure 2 : Estimation du nombre annuel d'utilisateurs de refuges

Description de la figure 2 : Estimation du nombre annuel d'utilisateurs de refuges
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Clients de refuges 156 030 150 663 146 884 151 621 146 726 141 854 137 415 141 405 134 262 136 866

Figure 3 : Estimation du nombre annuel de nuitées

Description de la figure 3 : Estimation du nombre annuel de nuitées
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Nuitées 4 759 753 4 668 304 4 463 715 4 783 768 5 263 182 4 526 169 4 686 469 5 012 230 4 970 010 5 057 813

La durée des séjours dans les refuges a augmenté, particulièrement chez les familles et les personnes de plus de 50 ans

La demande de lits dans les refuges a augmenté en raison de la prolongation des séjours, particulièrement ceux des familles et des personnes de plus de 50 ans. Le séjour typique d’une famille durait plus de 20 jours en 2014, soit deux fois plus longtemps que les séjours des personnes seules. Les personnes de plus de 50 ans passaient habituellement 8 ou 9 jours de plus dans les refuges que les personnes de moins de 50 ans. Cependant, la durée des séjours a augmenté pour tous les types d’utilisateurs de refuges depuis 2005.

Figure 4 : Nombre typique de jours dans un refuge

Description de la figure 4 : Nombre typique de jours dans un refuge
Type d’utilisateurs de refuges Familles Aînés (65+) Adultes plus âgés (50–64) Adultes (25–49) Jeunes (13–24) non-accompagnés
2005 8,3 9,1 10,5 5,3 5,2
2014 22 23,5 18,1 9,7 8,6

La plupart des Canadiens qui ont recours aux refuges d’urgence pour sans-abri ne font pas de séjours répétitifs

Bien que la durée des séjours dans les refuges ait augmenté pendant la période allant de 2005 à 2014, seulement une minorité des utilisateurs y ont recours à répétition d’une année à l’autre. Selon les estimations, pendant la période de 5 ans allant de 2010 à 2014, 450 000 personnes ont eu recours à un refuge d’urgence. Moins de 2 % de ces personnes ont eu recours à un refuge chaque année pendant la période de 5 ans. Pendant toute période d’un an, jusqu’à 70 % des personnes qui ont recours à un refuge le font pour la première fois, et la plupart ne le font qu’une fois.

Figure 5 : La plupart des séjours dans les refuges sont de courte durée

Description de la figure 5 : La plupart des séjours dans les refuges sont de courte durée

Environ 450 000 Canadiens ont séjourné dans un refuge d’urgence au cours de la période de cinq ans allant de 2010 à 2014.

La plupart des séjours sont de courte durée.

Environ 70 % des clients ont séjourné dans un refuge au cours d’une seule des cinq années de la période, tandis que moins de 2 % y ont séjourné chaque année de la période de cinq ans

Parmi la clientèle des refuges, le nombre de personnes de moins de 50 ans diminue tandis que le nombre de personnes de plus de 50 ans augmente

Bien que le nombre annuel total des personnes qui ont recours aux refuges ait diminué d’environ 20 000 depuis 2005, un examen plus détaillé des statistiques révèle que le recours aux refuges a changé avec le temps, selon les groupes d’âge.

  • Chez les enfants, le nombre d’utilisateurs de refuges est stable depuis 2010; en moyenne, 6 000 enfants ont séjourné dans les refuges d’urgence chaque année.
  • Le nombre de personnes de 25 à 49 ans qui ont eu recours aux refuges a connu une importante diminution entre 2005 et 2014. Cette diminution explique la diminution globale du nombre d’utilisateurs. Toutefois, les personnes de 25 à 49 ans constituent toujours le plus grand groupe d’utilisateurs de refuges. En 2014, plus de la moitié (52,7 %) de la clientèle des refuges appartenait à ce groupe d’âge.
  • Le nombre de jeunes ayant recours aux refuges a diminué, passant de 32 757 en 2005 à 25 501 en 2014, ce qui constitue une baisse de 20 % de l’utilisation par ce groupe. Par comparaison, le nombre d’utilisateurs de 50 ans et plus a augmenté de plus de 50 %, passant de 18 856 en 2005 à 28 951 en 2014.
  • À l’heure actuelle, il y a plus de personnes de 50 à 64 ans qui ont recours aux refuges que de jeunes. Par comparaison, il y a relativement peu d’utilisateurs de 65 ans ou plus; ceux-ci représentent à peine 3,2 % de tous les utilisateurs. Cependant, le nombre de personnes âgées qui ont recours aux refuges a presque doublé, passant de 2 244 en 2005 à 4 332 en 2014.

Figure 6 : Estimation du nombre annuel d'utilisateurs de refuges, par groupe d'âge

Description de la figure 6 : Estimation du nombre annuel d'utilisateurs de refuges, par groupe d'âge
Group d’âge 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Enfants (0–16) accompagnés d’un adulte 5 339 5 764 6 422 6 327 8 167 6 007 5 446 6 277 6 425 5 780
Jeunes (13–24) non accompagnés 32 757 31 270 31 250 30 313 31 256 27 225 26 256 25 362 23 653 25 501
Adultes (25–49) 95 820 90 931 86 824 89 304 81 463 77 836 75 245 76 449 71 113 71 824
Adultes plus âgés (50–64) 18 856 19 779 19 442 22 214 22 071 25 049 25 953 28 640 28 088 28 951
Aînés (65+) 2 244 2 214 2 338 2 466 2 566 3 505 3 721 4 028 4 454 4 332

Figure 7 : Groupes d’âge (2014)

Description de la figure 7 : Groupes d’âge (2014)
Groupes d’âge Enfants (0–16) accompagnés d’un adulte) Jeunes (13–24) non accompagnés Adultes (25–49) Adultes plus âgés (50–64) Aînés (65+)
2014 4,2 % 18,7 % 52,7 % 21,2 % 3,2 %

La répartition par sexe des utilisateurs de refuges n’a pas changé

Entre 2005 et 2014, le pourcentage d’hommes et de femmes ayant recours aux refuges n’a pas changé. En 2014, 72,4 % des utilisateurs de refuges étaient des hommes et 27,3 % étaient des femmes. Il importe cependant de noter que les refuges pour femmes victimes de violence ne font pas partie de l’étude. Les femmes qui ont recours aux refuges sont, en moyenne, plus jeunes que les utilisateurs masculins. L’âge moyen des hommes est de 40 ans, et celui des femmes est de 36 ans. De plus, le pourcentage d’utilisatrices des refuges diminue dans les groupes plus âgés. Chez les personnes âgées qui ont recours aux refuges, moins d’une sur cinq est une femme.

Figure 8 : Genre par groupe d’âge*

Description de la figure 8 : Genre par groupe d’âge*
Groupe d’âge Enfants (0–16) accompagnés d’un adulte Jeunes (13–24) non accompagnés Adultes (25–49) Adultes plus âgés (50–64) Aînés (65+)
Homme 50,8 % 62,4 % 72,10 % 78,7 % 81,3 %
Femme 49,1 % 36,8 % 27,6 % 21,1 % 18,6 %

* Pourcentages indiqués uniquement pour les réponses des hommes et des femmes.

En 2014, près de 3 000 utilisateurs de refuges ont déclaré avoir servi dans les forces armées

En 2014, 2,2 % de la clientèle des refuges – 2 950 personnes, selon les estimations – a déclaré avoir servi dans les forces armées. Ce nombre est légèrement supérieur à l’estimation de 2 250 personnes rapportée dans L’ampleur et la nature de l’itinérance chez les vétérans au Canada publiée par Emploi et Développement social Canada. En général, les clients des refuges qui ont déclaré avoir servi dans les forces armées étaient des hommes. Plus de la moitié des femmes qui ont déclaré avoir servi dans les forces armées avaient moins de 30 ans. En moyenne, les hommes qui ont déclaré avoir servi dans les forces armées avaient tendance à être plus vieux que le reste de la clientèle.

Plus de 6 000 non-citoyens ont eu recours à un refuge en 2014

Environ 5 % des utilisateurs de refuges ont déclaré qu’ils n’étaient pas citoyens canadiens, à savoir 5 036 résidents permanents ou immigrants, 1 095 réfugiés et 562 résidents temporaires (visa d’étudiant, de travailleur ou de visiteur). Les lieux d’hébergement pour réfugiés ne font pas partie de l’étude. Les séjours typiques dans les refuges duraient environ 5 jours de plus pour les non-citoyens que pour les citoyens canadiens.

Chez les Autochtones, les probabilités d’avoir recours à un refuge sont 10 fois plus élevées que chez les non-Autochtones

Selon les estimations, de 38 080 à 45 820 Autochtones ont eu recours à un refuge en 2014. Dans l’ensemble, les statistiques indiquent que le taux d’utilisation des refuges par les Autochtones est 10 fois plus élevé que celui des non-Autochtones. Comparativement aux taux d’utilisation des refuges par les non-Autochtones, celui des Autochtones âgés est 20 fois plus élevé et celui des Autochtones adultes est 13 fois plus élevé. De plus, la proportion de femmes était de 32 % chez la clientèle autochtone, comparativement à 23,5 % dans le cas de la clientèle non-autochtone.

Le pourcentage de la clientèle des refuges qui déclare avoir des ancêtres autochtones variait largement en fonction des collectivités, passant de moins de 5 % dans certaines collectivités suburbaines à plus de 90 % dans de nombreuses collectivités nordiques. Dans chacune des collectivités où des données étaient accessibles, les Autochtones étaient surreprésentés dans les refuges pour sans-abri, par rapport à leur pourcentage dans l’ensemble de la population.

Figure 9 : Taux d’utilisation des refuges chez les autochtones comparativement aux non-autochtones

Description de la figure 9 : Taux d’utilisation des refuges chez les autochtones comparativement aux non-autochtones

Le taux d’occupation pour les enfants (0-15) autochtones est 9,2 fois plus élevé que les enfants non-autochtones.

Le taux d’occupation pour les jeunes (16-24) autochtones est 6,4 fois plus élevé que les jeunes non-autochtones.

Le taux d’occupation pour les adultes (25-64) autochtones est 12,9 fois plus élevé que les adultes non-autochtones.

Le taux d’occupation pour les aînés (65+) autochtones est 20,5 fois plus élevé que les aînés non-autochtones.

Les refuges pour familles continuent de fonctionner à grande capacité

L’Étude nationale sur les refuges 2005–2009 : Recours aux refuges d’urgence au Canada indiquait une augmentation de l’utilisation des refuges pour familles, le taux d’occupation moyen de ceux-ci dépassant 100 % en 2009. Ce sommet ne s’est pas maintenu en 2010. Cependant, le taux d’occupation moyen des refuges pour familles était de 86,3 % en 2014, ce qui est beaucoup plus élevé que le taux d’occupation de 67,3 % signalé en 2005. Le taux d’occupation élevé des refuges pour familles découle des séjours de plus en plus longs de celles-ci. La durée typique d’un séjour dans un refuge pour familles a augmenté, passant de 8,3 jours en 2005 à 22 jours en 2014. Bien que les familles aient tendance à rester beaucoup plus longtemps dans les refuges que les personnes seules, elles ont moins tendance à utiliser les refuges à répétition; en 2014, seulement 8,9 % des familles ont eu recours à un refuge plus d’une fois. Environ 90 % des familles qui ont recours à des refuges d’urgence sont dirigées par une femme célibataire.

Figure 10 : Taux d'occupation moyen des refuges pour familles

Description de la figure 10 : Taux d'occupation moyen des refuges pour familles
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Taux d’occupation moyen 67,3 % 70,0 % 69,5 % 85,4 % 114,2 % 76,3 % 82,4 % 89,8 % 89,4 % 86,3 %

Conclusion

Hausse de la demande de lits dans les refuges et capacité statique

En 2014, le taux d’occupation moyen des refuges d’urgence canadiens atteignait plus de 90 % – une hausse de près de 10 points de pourcentage par rapport à 2005. Cependant, la capacité globale du réseau de refuges d’urgence du Canada n’a pas connu de changements importants. Bien que le nombre annuel de personnes qui utilisent les refuges ait diminué entre 2005 et 2014, l’utilisation des refuges est plus intense. La demande globale de lits dans les refuges a augmenté en raison de la prolongation des séjours.

Bien que la durée des séjours de l’ensemble de la clientèle ait augmenté depuis 2005, on observe une augmentation marquée de la durée des séjours des familles et des personnes âgées. L’âge de la population utilisatrice a aussi changé : le nombre de jeunes et d’adultes de 25 à 49 ans qui ont recours aux refuges a chuté, tandis que le nombre d’utilisateurs de 50 ans et plus a augmenté.

Depuis avril 2014, la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance accorde la priorité à l’approche Logement d’abord, qui vise à procurer rapidement un logement permanent aux personnes qui vivent en situation d’itinérance chronique ou épisodique. La présente étude porte sur la période préalable à la mise en œuvre de l’approche Logement d’abord à l’échelle nationale et constitue donc une solide base de référence pour les futures recherches visant à évaluer les répercussions de l’approche Logement d’abord sur le recours aux refuges.

L’Étude nationale sur les refuges 2005–2014 : Recours aux refuges d’urgence au Canada, qui inclura une analyse approfondie de ces données ainsi que de nouveaux renseignements issus du premier dénombrement ponctuel national coordonné, sera disponible à l’automne 2016.

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